Dans les mois et les années à venir, les entreprises et secteurs qui se digitalisent le plus sont ceux qui s’avéreront le plus créateurs d’emplois et prendront un avantage décisif.
Pour ce dernier volet de sa série « Révolution des compétences », ManpowerGroup a interrogé 26 000 employeurs dans plus de 25 pays afin de déterminer :
- L’incidence de la crise sanitaire sur leurs projets de digitalisation et d’automatisation,
- La nature des métiers, secteurs et zones géographiques susceptibles de connaître les plus fortes évolutions,
- L’évolution des priorités de recrutement sous l’effet de la crise sanitaire,
- Leurs projets actuels et futurs en matière de montée en compétences.
De cette enquête il ressort que :
- La digitalisation s’accélère tandis que le monde ralentit
Sous l’effet de la pandémie, les entreprises ont mis les bouchées doubles pour digitaliser et automatiser leurs fonctions : 38 % des dirigeants interrogés ont décidé d’accélérer leur transformation digitale et leur automatisation dans les mois et années à venir. Cela les amènera à créer plus d’emplois, ou à les maintenir : 86 % des employeurs qui ont décidé d’automatiser leurs processus prévoient d’accroître leurs effectifs ou de ne pas y toucher.
Plus précisément, les grandes entreprises (plus de 250 salariés) prévoient en priorité d’automatiser les fonctions de Production et de manufacture, puis les tâches administratives, l’informatique, et enfin le Front Office. Dans les plus petites entreprises, les actions de digitalisation visent davantage à transformer les fonctions support : administratif et bureautique, activités en prise directe avec la clientèle, et comptabilité.
Les entreprises manifestent également des intentions spécifiques selon les régions du monde où elles opèrent : en Asie-Pacifique, l’automatisation concerne essentiellement l’informatique et l’Industrie manufacturière (21%). L’Inde digitalise son Industrie manufacturière et ses fonctions de production (38%). Parmi les pays occidentaux, l’Allemagne prévoit de s’automatiser davantage (44 %) que les États-Unis (13%), la France (11 %) et le Royaume-Uni (8 %).
« Ce sont ces entreprises qui ressortiront de la crise encore plus fortes. Celles qui investissaient déjà plus que les autres dans la transformation digitale, dans le développement des compétences de leurs équipes et dans l’innovation deviennent aujourd’hui, fort logiquement, celles qui conquièrent le plus de parts de marché, qui se détachent le plus et qui en font bénéficier leurs collaborateurs et leurs clients. Elles vont effectuer une transformation digitale porteuse d’emplois et vectrice de changements radicaux, qui pourraient bien améliorer le quotidien des femmes et des hommes et déboucher sur un monde plus connecté » indique Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup France.
- Un an après le début de la pandémie se dessine sous nos yeux une reprise en K, c'est-à-dire à deux vitesses
Les secteurs qui, avant la pandémie, s’automatisaient au petit trot s’attellent aujourd’hui à rattraper leur retard. Conséquence directe de la crise, le secteur qui regroupe les Activités financières, l’Assurance, l’Immobilier et les Services aux entreprises met désormais les bouchées doubles pour digitaliser ses activités, à commencer par les fonctions en prise directe avec la clientèle. 21 % des entreprises du secteur font état de leur désir d’automatiser davantage leurs opérations du fait de la crise. De même, 21% des entreprises du secteur manufacturier affirment, elles aussi, leur volonté d’accélérer leur digitalisation.
En parallèle, la raréfaction des compétences s’exacerbe, et la demande d’aptitudes spécifiques progresse. Conjugué aux tensions qui émaillent la société, ce phénomène traduit une polarisation croissante entre ceux qui possèdent les talents requis pour tirer leur épingle du jeu et ceux qui en sont dénués.
Plus que jamais, les actifs aspirent à gagner en flexibilité, à faire valoir leurs désirs et à réunir le meilleur des mondes du présentiel et du télétravail. Les entreprises quant à elles affinent leurs stratégies pour préparer cette nouvelle donne et s’y adapter en se faisant plus agiles.
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Dans ce contexte inédit, le rôle des ressources humaines prend une importance encore accrue. En 2018, les employeurs ne prévoyaient pas d’étoffer leur direction des ressources humaines, et certains envisageaient même de réduire leurs équipes. Deux ans plus tard, les mêmes employeurs investissent dans les technologies dédiées aux RH et recrutent pour renforcer leur service : chez ceux qui nourrissent le plus d’ambitions en matière d’automatisation, les effectifs des RH ont connu une augmentation nette de 15%.
Pour 2021 et au-delà, 63% des responsables RH considèrent aujourd’hui la santé et le bien-être des collaborateurs comme leur priorité absolue. Ils y accordent deux fois plus d’importance qu’à leur deuxième objectif, à savoir la création de nouveaux modèles de travail. Leur troisième objectif consiste aujourd’hui à insister d’avantage sur l’acquisition de nouvelles compétences, l’apprentissage et le développement.